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LA BIBLIOTHEQUE MUNICIPALE
Crée en 1877, la bibliothèque communale de Montrouge
disposa, à sa fondation, d'un crédit de 50 francs pour son installation et de
250 francs pour l'achat des livres. L'allocation annuelle de fonctionnement
était de 100 francs! Dans de telles conditions, la bibliothèque ne pouvait que
vivoter misérablement. C'est ce qu'elle fit durant de nombreuses années ; seuls,
les dons lui permettaient d'augmenter le nombre des volumes. En 1920, quarante
trois ans après sa fondation, la bibliothèque, chassée, de la modeste salle
qu'elle occupait dans la mairie, est installée, à l'annexe du 32, Grande-Rue,
dans un local exigu où, pendant quatorze ans, elle fera figure de parente pauvre
et déshéritée : escalier incommode, vestibule étroit et sombre, pas de salle de
lecture... C'est là, qu'en 1925, M. Cresp nouvellement élu adjoint au maire,
vient la découvrir, un certain soir, silencieusement, il regarde, examine,
tourne, revient sur ses pas, tourne encore et enfin, n'y tenant plus, s'écrie :
"C'est ça, votre bibliothèque ! Moi, je veux que vous en ayez une belle et vous
l'aurez!"
Dès 1926, comme par miracle, les crédits augmentent. Les achats de volumes
peuvent être effectués régulièrement. A mesure que les rayons se garnissent de
livres, les lecteurs se font plus nombreux.
Quelques chiffres donneront mieux que de longues phrases, une idée nette de
l'activité croissante de la bibliothèque, en particulier durant ces dernières
années
SALLE DE LECTURE ET DE TRAVAIL |
|||
Années | Volumes | Lecteurs | Prêts de livres |
1905 | 3920 | 278 | |
1920 | 9000 | 501 | 17804 |
1925 | 10000 | 1605 | 33793 |
1930 | 12500 | 2255 | 35285 |
1933 | 15000 | 2654 | 36857 |
Dès lors, la bibliothèque se révèle nettement
insuffisante pour satisfaire aux besoins de la population Montrougienne. Tout y
est à refondre, à rénover. Le local est décidément trop petit; on ne sait plus
où mettre les livres ; les périodiques s'entassent par terre, dans les coins ;
les dons s'empilent ailleurs. Le système de prêt des volumes s'avère désuet ; la
recherche du livre désiré est laborieuse, l'attente des lecteurs trop longue.
Beaucoup de volumes, et les plus beaux, les plus lourds, ne peuvent être
consultés que sur place or, il n'y a pas de table libre pour les lecteurs.
M. Cresp, devenu maire de Montrouge, est au courant de cette situation. a je
vous ai promis, vous vous en souvenez, une belle bibliothèque. Mon idée touche à
sa réalisation. Vous allez disposer bientôt d'un magnifique local, il est temps
pour vous de voir ce qui se fait de mieux ailleurs, enquêtez, adoptez les
méthodes les plus modernes. Je suis derrière vous. Allez y!
Et c'est ainsi qu'en 1934, la ville de Montrouge possède la plus moderne et
la
plus belle des bibliothèques municipales du département de la Seine.
Montons l'escalier d'honneur de la mairie un chemin que nous connaissons tous,
celui de l'ancienne salle des fêtes. Poussons la porte, la danse, et la musique
ont déserté ces lieux pour aller régner dans la nouvelle salle des fêtes, de
l'autre côté de l'avenue. Ici, loin du bruit, a été installé le temple de la
lecture. La vaste salle, où dominent le rouge, le vert foncé et le chêne ciré,
est occupée par les meubles garnis de livres. Au centre, un large bureau pour le
bibliothécaire de service. Nous sommes dans la salle des prêts. C'est là que les
heureux lecteurs choisissent eux mêmes leurs volumes. Des écriteaux bien
visibles appel lent l'ami des livres à son rayon préféré histoire, géographie,
sciences, roman, et musique...
Cette innovation,le choix des volumes par les lecteurs eux-mêmes, est rendue
possible par la refonte complète du système de classement. L'ancien catalogue
imprimé, toujours incomplet, jamais à jour à cause des volumes devenus hors
d'usage et des nouvelles acquisitions, est remplacé par un catalogue moderne sur
fiches que l'on consulte sur place.
On a pu établir ainsi 3 catalogues sur fiches :
1° Catalogue dictionnaire ;
2° Catalogue par auteurs, alphabétique ;
3° Catalogue par matières, système décimal.
Par ce jeu combiné, il est aisé de trouver rapidement le volume désiré. Sachons
gré à ceux qui ont entrepris et mené à bonne fin ce gros travail !
Sur quatre tables rondes sont exposés les périodiques que l'on peut feuilleter
librement : illustrés littéraires, sportifs, féminins, scientifiques. Sur des
rayons spéciaux sont exposées les dernières acquisitions.
De la grande salle des prêts, on accède, sur la droite, à deux autres salles :
la salle de lecture sur place et la salle des enfants.
La salle de lecture sur place est un asile de tranquillité, chaque large
table
carrée, est divisée en quatre compartiments, chacun étant réservé à un lecteur
qui dispose de toute la place nécessaire pour travailler à l'aise. A portée de
la main se trouvent les dictionnaires encyclopédiques, géographiques,
historiques, scientifiques, toute la collection des périodiques reçus à la
bibliothèque depuis nombre d'années.
La salle des enfants, qui fait pendant à la précédente, offre un aspect plein
d'attraits avec ses tables et chaises basses, son meuble exposition de forme
pyramidale, son globe terrestre, et tous ses livres aux couleurs gaies. Ici, les
enfants sont chez eux, c'est leur domaine rêvé.
N'avons-nous pas entendu dire qu'ils élisent parmi eux leur bibliothécaire pour
une durée d'un mois, et que ce bibliothécaire en herbe prend très au sérieux ses
fonctions, surveille, dirige, morigène, encourage ses compagnons plus jeunes.
Une dernière salle est interdite au public, c'est la salle de réserve et de
manipulations.
La bibliothèque municipale de Montrouge occupe ainsi le premier étage presque
entier de la mairie. Elle y forme un ensemble harmonieux où tout invite
l'amateur de lecture à venir passer ses heures de loisir en la pacifique
compagnie des livres qu'il aime.