Retour arrière INTRODUCTION Retour accueil
Le cinquantenaire de la Loi Municipale de 1884 sera solennellement célébré à Paris en décembre 1934. Malgré les correctifs apportés par des lois plus récentes touchant à l'ordre social, à l'ordre économique ou à l'ordre financier, la loi de 1884 reste la charte communale actuelle. On sait qu'elle laisse en matière administrative une grande autonomie à la commune, représentée par son Conseil municipal et plus précisément par son maire. L'article 82 de la loi est formel :
"Le maire est seul chargé de l'administration", et les articles suivants énumèrent les nombreux domaines où ce pouvoir s'exerce, sous le contrôle du Conseil municipal et la surveillance de l'administration supérieure. Malgré ces dernières restrictions, l'autorité du maire reste entière, à la seule condition qu'elle s'inspire toujours de l'intérêt général de ses administrés, et, si les votes de ceux-ci et de son Conseil le maintiennent à plusieurs reprises dans sa charge, il finit par s'identifier avec elle. Tel nom de grande ville de province appelle immédiatement à l'esprit le nom de son maire, et réciproquement maint nom d'homme d'état ne peut être séparé du nom de la ville qu'il administre depuis longtemps et à la tête de laquelle il a d'ailleurs acquis sa meilleure expérience administrative.
Pour commémorer le cinquantenaire de la Loi Municipale, n'était-il pas tout indiqué de montrer, en une sorte d'inventaire, ce que cette loi a permis de créer ? C'est ce que se propose cette brochure pour le domaine restreint de la ville de Montrouge.
Or, il se trouve justement que la ville de Montrouge, telle qu'elle apparaît aujourd'hui sur une carte, limitée au nord par l'ancienne zone militaire annexée à Paris, à l'est par l'aqueduc des eaux de la Vanne, au sud par la voie stratégique des forts, à l'ouest par la route nationale No 306 dite de Châtillon, n'est, guère plus ancienne que la loi de 1884. Ce n'est même que le 28 juin 1894 que le Tribunal Civil de la Seine, statuant sur une question de mitoyenneté, reconnut que " la commune de Montrouge, à raison notamment de son importance et des établissements publics qu'elle renferme, doit être classée dans la catégorie des villes. "
La commune de Montrouge, avant 1860, comprenait outre le Grand-Montrouge, le Petit-Montrouge, Montsouris, Montparnasse et Plaisance en partie, bien que ces quartiers fussent englobés dans le "mur murant Paris" édifié par Thiers en 1840. Le 1er janvierl860, la séparation administrative fut effectuée entre la partie intra-muros et la partie extra-muros de la commune de Montrouge. Les quartiers compris à l'intérieur des fortifications furent annexés à Paris, et Montrouge devint une petite commune de 105 hectares, sur lesquels ne vivaient pas 3.000 habitants. cette situation se révéla anormale ; c'est pourquoi, par la loi du 31 Juillet 1875, le territoire de Montrouge fut agrandi aux dépens des communes d'Arcueil, de Bagneux, de Châtillon et de Gentilly. Montrouge couvre alors 225 hectares et compte 5.200 habitants. C'est à cette époque que nous pouvons fixer l'origine du développement de Montrouge actuel, bien que sou territoire subit encore une retouche en 1925, avec l'annexion à Paris de la zone militaire. Aujourd'hui Montrouge présente une superficie de 193 hectares 50 et compte 32.000 habitants.
Jusqu'en 1914, le développement de Montrouge, comme d'ailleurs celui de la plupart des villes de banlieue, se fit de la façon plutôt anarchique. Aucun plan d'ensemble n'avait été établi, aucun règlement sanitaire n'était imposé aux constructeurs, aucun espace libre n'était réservé dans la cité qui grandissait. Les municipalités avaient pourtant eu d'heureuses initiatives, mais auxquelles manquaient cette vision d'ensemble et cette hardiesse de conceptions, nécessaires à qui veut, parant à un besoin présent, ménager les voies de l'avenir : le véritable urbaniste doit, non pas systématiquement voir "grand", mais, avec intelligence et discernement, proportionner son oeuvre aux besoins du lendemain. Si d'aucuns voient en cela un danger, les municipalités ne le coururent certes pas, dont les créations, comme imposées par les circonstances du moment, devaient toutes bientôt se révéler insuffisantes : une mairie construite en 1880-1883, agrandie en 1902-1904, une crèche municipale fondée en 1896, reconstruite en 1912, un groupe scolaire (groupe du Parc) élevé en 1895-1899, agrandi en 1909, un dispensaire et un stade, créés en 1912-1913, tous deux reconstruits aujourd'hui.
Puis vint la guerre, durant laquelle tout autre souci fut sacrifié à celui de la défense nationale. Dans les années qui la suivirent, peu de changement fut apporté à l'aspect de la ville, alors pourtant que la population s'accroissait rapidement.
Il faut arriver à la date de 1925 pour voir brusquement changer cet état de choses. D'une part, la zone militaire est annexée à Paris ; les fortifications tombent et des quartiers neufs en occupent bientôt l'emplacement ; la Porte d'Orléans, puis celles de Montrouge et de Châtillon sont supprimées et remplacées par de larges accès. D'autre part, la population de Montrouge envoie à la mairie une équipe d'hommes nouveaux, à la tête de laquelle s'affirme bientôt la personnalité de M. Emile Cresp. Adjoint au maire de Montrouge en 1925, conseiller général de la Seine depuis la même année, maire de Montrouge depuis 1928, il personnifie la politique municipale qui, sous sa vigoureuse impulsion, a réalisé l'oeuvre dont les témoignages réunis ici s'efforcent de fixer les aspects divers.
Docteur P. BIANQUIS qui a supervisé tout le contenu de ce document