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LA MAISON DE LA SANTE MUNICIPALE
Le développement de la ville de Montrouge devait
forcément faire naître chez ses habitants le désir légitime d'avoir un hôpital
qui leur permettrait d'être soignés et opérés à :Montrouge même, actuellement
ces malades sont. dispersés dans les hôpitaux de Paris, souvent fort éloignés,
les malades sont envoyés à l'hôpital Broussais, les cas chirurgicaux à
Vaugirard, les enfants à l'hôpital des Enfants-Malades, les contagieux à
Aubervilliers, les maladies de peau à Saint-Louis, etc. Les parents qui veulent
aller voir leurs malades sont souvent obligés (le perdre une demi journée de
travail, alors que, sans perte de temps ni de gain, ils pourraient aller les
visiter, à leurs heures de liberté, dans un hôpital situé à Montrouge même. Les
hôpitaux de Paris, malgré les améliorations apportées à leur fonctionnement,
n'ont pas encore perdu leurs caractères d'établissements "charitables" que
comportaient ces institutions, et qui n'ont plus de raison d'être. En effet, les
lois sociales, successivement mises en vigueur, sur l'assistance médicale
gratuite, sur les accidents du travail, sur les Assurances Sociales, ont changé
les conditions d'hospitalisation de la majorité des malades. Or, il n'est pas
douteux que les prix de journées réclamés dans les hôpitaux de l'Assistance
Publique de Paris (plus de 40 francs par jour), ne sont pas en rapport avec le.
confort ou plutôt le manque de confort de certaines salles d'hôpitaux, ni trop
souvent avec le manque d'égards dont souffrent les hospitalisés. L'évolution
sociale et économique, d'autre part, a rapproché de plus en plus fréquemment,
parmi ces malades d'hôpitaux, les classes moyennes de la classe ouvrière,
travailleurs intellectuels et travailleurs manuels, employés et commerçants.
C'est de ce rapprochement (qui ne doit pas se faire que dans les salles
d'hôpitaux) qu'est née la conception de la maison de santé municipale que nous
verrons bientôt s'élever à Montrouge. Elle ne sera en rien un hôpital dans
l'ancienne acception du terme. Elle offrira ses services à tous, et tous y
trouveront les mêmes soins, car chacun payera à sa façon, que ce soit
directement ou indirectement (assurés sociaux, accidentés du travail, assistés
obligatoires). L'exploitation de la maison de santé municipale peut et doit être
prévue de telle façon qu'elle ne constitue nullement une nouvelle source de
charges.
Le remboursement au Département, par la ville de Montrouge, des frais
d'hospitalisation des assistés obligatoires représente actuellement une forte
dépense qui formera une importante contribution au budget de la maison de santé
municipale. I1 y a seulement une dizaine d'années, les hôpitaux ne pouvaient
vivre qu'aux dépens des budgets d'assistance ou grâce aux dons, fondations et
legs de personnes généreuses. Actuellement les ressources provenant de la
bienfaisance privée et les revenus des capitaux légués ont tellement diminué que
les oeuvres hospitalières charitables auraient à peu près disparu si elles
n'avaient pu profiter des législations dont nous venons de parler pour s'assurer
des recettes correspondant aux soins donnés. Aujourd'hui le budget. d'un hôpital
à créer doit être établi de telle sorte que les recettes effectives couvrent les
dépenses.
Il existe déjà un exemple d'hôpital communal dans une ville de la banlieue
parisienne dès la seconde année de son fonctionnement, il a réalisé un certain
bénéfice.
La municipalité de Montrouge, qui avait transformé l'Hospice Verdier, créé une
école de plein air, bâti des groupes scolaires, un dispensaire, des
établissements de bains-douches, aménagé un stade, mit donc à l'étude le moyen
le meilleur de donner satisfaction aux habitants de Montrouge pour les soins et
traitements de leurs malades. Le projet, maintes fois remanié, d'hôpital
intercommunal offrait une solution; mais les projets envisagés prévoyaient, pour
l'hôpital à construire, des emplacements situés dans des communes plus éloignées
de Paris que Montrouge, dès lors, les habitants de notre ville, obligés de
gagner cet hôpital dans une commune souvent mal reliée à Montrouge, n'auraient
guère trouvé d'avantage à cette solution. D'autres difficultés ont surgi, et
finalement la commission intercommunale a dû cesser ses travaux. Une situation
identique s'est présentée sur d'autres points du département. C'est ainsi que la
Ville de Courbevoie, ayant dû renoncer à voir se réaliser un hôpital
intercommunal, a été amenée à créer un hôpital communal dont le fonctionnement
lui donne toute satisfaction.
Le. projet de maison de santé municipale de Montrouge, qui a reçu l'approbation
des services de la Préfecture de la Seine et pour l'exécution duquel une
subvention de l'état est sollicitée, est l'oeuvre de l'architecte H. Decaux. Ce
projet a été étudié dans les détails, et de nombreux avis autorisés ont été
sollicités pour en faire une réalisation aussi parfaite que possible.
La maison de santé de Montrouge s'élèvera sur le terrain attenant à celui de
l'école d'infirmières, rue du Onze-Novembre. L' "Association pour le
Développement de l'Assistance aux Malades" fondée en 1900, reconnue d'utilité
publique, a transféré à Montrouge, en 1932, son siège et son école dans un bel
immeuble construit spécialement à cet effet et inauguré. le 20 juin 1932, en
présence du Président de la République, par le ministre de la Santé Publique.
Cette association est prête à assurer, par contrat passé avec la ville de
Montrouge, tous les services infirmiers et domestiques de la maison de santé
municipale. Or, le recrutement d'un personnel infirmier compétent, consciencieux
et présentant la cohésion indispensable au bon fonctionnement des services
hospitaliers, est un des problèmes les plus difficiles à résoudre lorsque l'on
doit créer un établissement de soins. I,' "Association pour le Développement de
l'Assistance aux Malades" présentant toutes les garanties désirables, nous
n'hésitons pas à dire que sa collaboration est un des éléments essentiels du
succès assuré à la maison de santé municipale de Montrouge, et nous nous
félicitons du haut patronage qu'a bien voulu accorder à sa création M. le
Docteur Rist, membre de l'Académie de Médecine et président de. l'association.
Nous n'avons d'ailleurs pas attendu que fonctionne la maison de santé projetée
pour établir entre l'école d'infirmières de Montrouge (A. D. A. M.) et les
oeuvres sociales de la municipalité, une étroite collaboration. Le "Centre
Régional. de Préservation de l'Enfance (Montrouge et environs)" qui assure déjà
le. service social (0. P. M. I.) de la consultation de nourrissons de Montrouge
et qui est destiné à développer les services de dépistage et de soins pour les
enfants de la naissance à l4 ans, fonctionne avec le concours actif des
infirmières de l'Ecole de Montrouge.
Plusieurs autres anciennes élèves de l'école ont été appelées à assurer à
Montrouge, ou clans ses environs immédiats, les fonctions d'infirmière ou
d'assistante médicale scolaire. L'oeuvre sociale réalisée précédemment dans le
cinquième arrondissement de Paris par la même association, bien connue alors
sous le nom d'école de la rue Amyot, était trop connue pour que nous ne
désirions pas établir dès soit transfert à Montrouge les relations les plus
cordiales entre elle et la municipalité.
Le. projet de M. H. Decaux comprend essentiellement un grand bâtiment et un
pavillon isolé pour le service des contagieux. Dans une aile complètement
indépendante du grand bâtirment, se trouvera la maternité. Dans le grand
bâtiment proprement dit, les autres services seront répartis, services généraux,
médecine, chirurgie, enfants, spécialités (ophtalmologie,
oto-rhino-laryngologie), électro-radiologie, laboratoires. Au dernier étage se
trouve le bloc opératoire, comprenant deux salles d'opérations aseptiques, une
septique, une salle pour interventions sous écran, une salle pour les appareils
plâtrés, et toutes leurs dépendances.
Il n'a pas été prévu de service de consultations externes. La liaison de santé
municipale ne doit porter aucun préjudice aux médecins praticiens de notre
ville, mais seulement soigner des malades hospitalisés. D'autre part, le
dispensaire municipal, qui occupe depuis avril 1934, le nouveau bâtiment de la
rue Amaury-Duval. fonctionnera en liaison avec elle pour les malades dépendant
de lui.
La Maison de Santé municipale comprendra 234 lits répartis en petits dortoirs et
en chambres à 1 ou 2 lits. Nous sommes malheureusement sûrs que ces lits
trouveront facilement des occupants. En effet, si la priorité est assurée aux
malades de Montrouge, l'établissement sera ouvert aux malades des communes
voisines qui s'entendront avec la ville de Montrouge, il n'existe aucun hôpital
dans toute cette région du département. Les malades de l'assistance médicale
gratuite, soit de Montrouge, soit d'ailleurs, y seront traités dans les mêmes
conditions qu'actuellement dans les hôpitaux de Paris. Quant aux autres malades,
ils pourront choisir, selon leurs possibilités, entre plusieurs tarifs. Le prix
de revient, qui sera certainement inférieur au prix de la journée pratiquée dans
les hôpitaux de l'Assistance Publique, permettra d'offrir des conditions de
séjour accessibles à tous.
Le projet de l'architecte H. Decaux a réuni les suffrages des personnalités les
plus qualifiées, dès que sera assurée la subvention de l'état, la maison de
santé de Montrouge sera mise en chantier.
Il faut qu'elle s'élève bientôt, car chaque jour nous déplorons de n'avoir pas à
notre portée immédiate les moyens de soigner nos malades dans les meilleures
conditions médicales, morales et matérielles. La maison de santé de Montrouge
formera de nouveaux liens de solidarité entre nos concitoyens, car ceux qui se
seront trouvés rapprochés sous son toit hospitalier en sortiront non seulement
guéris et forts, mais plus unis qu'avant et prêts à participer d'un même coeur à
la vie de la cité.