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HOSPICE VERDIER
Passez le blanc portail moderne de l'hospice Verdier et, dès le vestibule d'entrée, voyez, à travers la grande glace du fond, ce jardin fleuri où se reposent des pensionnaires, tandis que d'autres lisent ou cousent sous la galerie-promenoir qui court le long des bâtiments neufs, et d'où les géraniums-lierres pendent, chargés de fleurs roses ou rouges. Est-ce bien là le vieil hospice, fondé en 1874 dans le petit pavillon légué par Mme Verdier, et agrandi une première fois en 1898 1899? La visite de l'établissement ne vous laissera plus de doute : l'hospice actuel, clair, aéré, doté de tout le confort moderne, date bien de 1932-1933, années au cours desquelles il fut élevé sur les ruines du vieil hospice qui renaissait ainsi de ses cendres.
Le pavillon de Mme Verdier, étroit et vétuste, l'ancien parloir, à demi enfoncé
dans le sol, sont aujourd'hui rasés, et le jardin s'étend sur leur emplacement.
Le bâtiment principal a bien subsisté, mais entièrement transformé, du sous-sol
aux étages, et jusqu'en son aspect extérieur.
C'est en 1931 que M. Cresp, maire de Montrouge, et son Conseil Municipal,
d'accord avec la commission administrative de l'hospice, décidèrent d'agrandir
celui ci et d'en profiter pour le modifier entièrement. Une subvention de l'état
d'un million de francs fut obtenue et rendit l'opération possible sans charge
exagérée pour le budget communal.
Les travaux furent confiés à l'architecte Henry Decaux, qui sut remarquablement
tirer parti du terrain, à telle enseigne que l'hospice actuel, avec ses 130
lits, jouit de beaucoup plus d'espaces libres, d'air et de lumière que le vieil
hospice : les dortoirs y sont plus vastes, les chambres particulières plus
nombreuses et plus grandes, tous les services communs ont été agrandis, et
cependant le jardin est plus spacieux et tous les locaux plus ensoleillés
qu'auparavant ; le vieil hospice ne pouvait pourtant recevoir que 50
pensionnaires.
Les bâtiments sont disposés autour du jardin. Dans l'ancien bâtiment principal, qui s'élève entre l'avenue et le jardin, la plupart des services communs ont été groupés. Au sous-sol, devenu clair par la création de cours anglaises, trois réfectoires, avec vestiaires et lavabos, communiquent avec les offices, les plonges, la cuisine et ses dépendances, qui sont situées sous le petit bâtiment neuf de gauche. Au rez-de-chaussée, se trouvent à gauche du vestibule d'entrée, le bureau de la directrice, son appartement et la lingerie ; à droite, le cabinet d'examen médical, les chambres des grands malades.
Les deux étages de ce
bâtiment ne comportent que des chambres particulières, dans lesquelles des
pensionnaires seuls, on des ménages, peuvent s'installer avec leur mobilier
personnel, et continuer ainsi à vivre dans leur cadre familier, mais désormais
sans souci matériel ni crainte du lendemain. Des lavabos et des salles de bains
sont, à chaque étage, à leur disposition.
Dans le grand bâtiment neuf, à droite du jardin, sont tous les dortoirs, ceux du
rez-de-chaussée étant réservés à l'infirmerie et aux impotents. Les dortoirs ne
comportent que six ou huit lits, séparés l'un de l'autre par l'espace d'une
fenêtre ; la double exposition dont ils jouissent leur assure le maximum d'air
et de lumière. Chaque pensionnaire dispose, dans son dortoir, d'une armoire
fermant à clef. Des lavabos à eau courante froide et chaude, des salles de
bains, sont annexés aux dortoirs. A chaque étage loge au moins une surveillante.
dans une chambre particulière, pour assurer la garde de nuit.
Mais ce qui fait le charme du nouvel hospice, ce sont ces salles communes où,
dans la journée, les pensionnaires peuvent se réunir; au nombre de trois, elles
donnent par de larges baies sur le jardin. A gauche du bâtiment principal se
trouve le vaste parloir, éclairé par de grandes fenêtres sur trois côtés, et où
les femmes se tiennent pour coudre, lire, causer, et pour recevoir leurs
visites. Au fond du jardin, la salle de jour, réservée aux impotents, et
communiquant de plain pied avec l'infirmerie, s'avance en bow window, sur le
jardin. La troisième salle est réservée aux hommes, c'est leur fumoir, et leur
salle de jeux.
L'ancienne infirmerie a été aménagée en chambres réservées aux ménages.
Le chauffage de l'établissement est assuré partout par des radiateurs à eau
chaude, alimentés par une batterie de chaudières ; une chaudière annexe permet
de distribuer l'eau chaude, toute l'année, aux salles de bains, lavabos et
postes d'eau. Tous les locaux sont aérés par un système de prises d'air
extérieur et de conduits d'évacuation d'air vicié. Un réseau intérieur de
téléphone automatique relie les divers services. Un ascenseur pouvant recevoir
un chariot-lit dessert le sous-sol, le rez-de-chaussée et les étages. La
cuisine
comporte une cuisinière à charbon, et des appareils à gaz (marmite, friteuses,
plaques chauffantes). Une buanderie mécanique permet de laver tout le
linge de
l'établissement.
Le prix de journée (12,03 fr en 1933) reste inférieur à celui pratiqué par la plupart (les établissements similaires du département, et en particulier par les hospices de l'Assistance Publique. L'ordinaire y est cependant soigné et nous avons montré que l'installation matérielle ne laissait rien à désirer. Les pensionnaires peuvent librement sortir tous les jours, et aux moins fortunés la ville donne chaque mois un peu d'argent de poche, du tabac et des tickets de transport en commun. Aussi les 130 lits sont-ils toujours occupés et les places vacantes immédiatement comblées par ceux qui, trop nombreux, attendent avec impatience le jour où, au soir d'une vie. de labeur, ils peuvent, laissant tout souci à la porte, venir s'installer, seuls ou en ménage, dans la maison que leur a préparée, au centre de leur ville, une municipalité prévoyante.