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LE CENTRE MEDICO-SOCIAL
L'exercice de la médecine est en pleine transformation.
Il n'y a pas vingt ans, la situation était plus simple : la majorité des malades
devaient pourvoir seuls à leurs soins et s'adresser directement aux médecins
praticiens. Pour les malades manifestement indigents, des hôpitaux, des
dispensaires, des oeuvres charitables offraient leurs soins gratuitement.
Aujourd'hui il faut, bon gré mal gré, se rendre compte que ces conditions sont
entièrement changées et en admettre les conséquences. Ce n'est d'ailleurs pas là
une évolution réservée à la seule profession médicale. L'agriculteur, par
exemple, était libre autrefois de vendre son blé ou son vin au prix qu'il en
trouvait : aujourd'hui il réclame lui-même l'intervention de l'état pour en
réglementer la production et le commerce.
Les difficultés économiques ont accru et ne cessent d'accroître le nombre des
individus financièrement incapables de payer les soins dont, malades, c'est à
dire souvent dans l'impossibilité au moins momentanée de gagner leur vie, ils
ont besoin. La loi sur les Assurances Sociales, dont les modalités d'application
prêtent à la critique mais dont le principe ne saurait plus être discuté, est
venue heureusement aider ceux qui sans elle seraient actuellement sans soins.
Car te temps n'est plus où la charité publique ou privée pouvait les prendre en
charge. Les ouvres privées, dont les ressources baissent sans cesse, ne
subsisteront qu'à la condition de profiter elles-mêmes des avantages que leur
accorde la loi sur les Assurances Sociales.
Quant à l'Assistance, qui représente la charité publique, forcée d'adopter un
grand nombre de ces malades plus ou moins nécessiteux et d'en faire des
assistés, elle les déclasserait en quelque sorte: la charge financière qui en
résulterait serait infiniment plus lourde pour les budgets officiels, et le
déséquilibre social beaucoup plus grand.
La médecine, elle même, a rapidement évolué depuis le début du siècle. Son rôle
préventif a pris une importance de plus en plus marquée, pour aboutir à
l'avènement de la médecine sociale qui, à l'inverse de la médecine
thérapeutique, a besoin, pour être efficace, d'être codifiée dans des lois. Si
les pouvoirs publics peuvent laisser toute liberté à l'individu malade, que son
état met dans l'obligation de se soigner, ils doivent par contre intervenir
directement pour faire appliquer des mesures prophylactiques dont l'individu
sain ne conçoit pas, trop souvent, l'importance. C'est ce que les médecins ont
parfaitement compris, en assurant leur collaboration à la lutte contre les
fléaux sociaux par des organismes officiels : protection de la maternité,
consultations de nourrissons, inspection médicale des écoles, vaccinations
diverses, armement anti-tuberculeux et anti-vénérien, etc...
L'application de ces mesures préventives, d'autre part, nécessite une
surveillance constante qui a été confiée aux assistantes sociales, seules des
infirmières préparées spécialement à leur rôle pouvaient s'assurer, par des
enquêtes et des visites à domicile, que les conseils donnés étaient
régulièrement suivis.
Ce rapide aperçu de l'état actuel de la médecine sociale fait comprendre
pourquoi la municipalité de Montrouge, soucieuse de ses devoirs à l'égard d'une
nombreuse population ouvrière, a réuni les divers services médico-sociaux dans
un bâtiment moderne, assez vaste pour en faciliter le bon fonctionnement. Il ne
s'agit pas d'y soigner les malades à qui leur situation ou le bénéfice des
Assurances Sociales permettent de s'adresser directement au médecin praticien de
leur choix. Les services du nouveau dispensaire, dont nous allons décrire
l'installation, sont destinés à mettre en oeuvre les principes de la médecine
sociale, à préparer la venue au monde d'enfants sains, à protéger la première
enfance, à la prémunir contre les maladies évitables, à dépister les maladies de
l'âge scolaire, à assurer l'application des lois d'assistance et d'aide sociale,
à choisir et à diriger sur des établissements tels que la
Sistière les enfants
qui en ont besoin. Le dispensaire offre aussi ses services à tous ceux que le,
déséquilibre économique actuel, le chômage ou le malheur priveraient sans lui
des soins les plus nécessaires. Ouvert depuis mai 1933, le centre médico-social
de Montrouge, a déjà prouvé sa nécessité par l'activité continue qui l'anime,
par l'extension que prennent ses services et par son rayon d'action qui ne cesse
de grandir.
En 1925, le dispensaire municipal de Montrouge était installé au rez-de-chaussée
de l'annexe de la mairie, 32, Grande-Rue. Là fonctionnaient une consultation de
médecine générale avec soins de petite chirurgie, une consultation pour les
maladies des yeux, et une consultation dentaire. Dans les années qui suivirent,
les services de consultations furent multipliés, le nombre des malades s'accrut
sans cesse, bientôt les locaux furent trop exigus. Ce rez-de-chaussée était mal
éclairé ; la salle d'attente était trop petite ; la salle de consultation, qui
donnait directement sur la rue, à 1,50 mètre de la voie du tramway, était sombre
et bruyante ; le cabinet dentaire était plus que rudimentaire; il n'y avait pas
de place pour créer de nouvelles consultations, ni de service de radiologie. La
municipalité, se rendant compte de cet état de choses, décida de comprendre dans
son plan d'aménagement des services publics, la construction d'un centre
médico-social moderne, appelé à remplacer le vieux dispensaire.
L'emplacement choisi fut la parcelle de terrain laissée libre, à l'est de la rue Amaury-Duval, par la construction de la nouvelle
école de garçons de la rue de
Bagneux. La rue Amaury-Duval, ne desservant que le dispensaire, pouvait être
aménagée en jardin, entre le nouveau bâtiment et le terrain de sports de l'école
: ainsi étaient assurés l'air, la lumière et la tranquillité.
M. Marcilloux, architecte de la ville de Montrouge, fut chargé de la
construction du nouveau centre médico-social dont les services fonctionnent
actuellement rue Amaury-Duval.
Une grille en fer forgé isole la partie de la rue où se trouve le dispensaire ;
des massifs de verdure et des bancs font vis-à-vis au nouveau bâtiment dont la
partie centrale est flanquée de deux ailes en retrait; devant l'une a été
dessiné un petit jardin, devant l'autre se trouve la cour qui dessert le service
des nourrissons et la goutte de lait.
Un large perron donne accès, par deux doubles portes en verre, au vestibule
d'entrée qui sépare le rez-de-chaussée en deux parties, à droite, la
consultation de nourrissons et la goutte de lait; à gauche, l'appartement du
concierge et les services administratifs de la Caisse Interdépartementale des
Assurances Sociales.
Les locaux de la consultation de nourrissons comprennent, une entrée
particulière avec tambour, une salle d'attente, un cabinet d'examen médical, une
salle de consultation prénatale, une salle de bains pour les bébés, une chambre
d'isolement. Un bureau est réservé aux assistantes sociales qui assurent les
services de l'Office de Protection Maternelle et Infantile. Le
service de
stérilisation et de distribution gratuite de lait est situé dans l'aile droite
du bâtiment, avec entrée indépendante. La consultation de nourrissons, la
consultation prénatale et la goutte de lait sont assurées par l'Assistance
Publique, aux frais du département, grâce à un vote du Conseil général de la
Seine obtenu par l'intervention à la tribune de M. Cresp. Ces services, qui
fonctionnent dans des locaux entièrement autonomes, sont donc ouverts aux mères
et aux enfants de Montrouge et des communes voisines.
Dans la cour qui donne accès à la consultation de nourrissons, un garage couvert
permet aux mères de laisser les voitures d'enfants à l'abri de la pluie. A côté
de ce garage, dans un petit bâtiment indépendant, se trouve le siège social du
"Premier Secours", société Montrougienne de brancardiers et infirmiers
volontaires, affiliée à la Croix-Rouge Française, (S.S.B.M.), et qui, fondée en
1927, a déjà pris un essor remarquable.
Dès la mise en vigueur de la loi sur les Assurances Sociales, la municipalité de
Montrouge s'est efforcée d'en faciliter le fonctionnement et de simplifier pour
les assurés les démarches nécessaires, mais souvent compliquées. C'est pourquoi
la succursale administrative de la Caisse Interdépartementale a été installée au
rez-de-chaussée du nouveau dispensaire. Les nombreux assurés appartenant à cette
caisse peuvent y accomplir toutes les formalités et y toucher les prestations ou
remboursements de frais médicaux et pharmaceutiques qui leur sont dû, sans
aller à Paris, mais la municipalité ne s'est pas contentée de donner
satisfaction aux assurés de la Caisse Interdépartementale.. Une partie des
locaux de l'ancien dispensaire, 32, Grande-Rue, a été transformée en bureau de
la Fédération Mutualiste de la Seine et en siège social de l'Union des Sociétés
de Secours Mutuel du canton de Sceaux. Là, tous les assurés mutualistes trouvent
les mêmes facilités que les autres assurés à la succursale de la Caisse
Interdépartementale. Enfin, toutes les visites de contrôle médical, soit de la
Caisse, soit de la F. M. S. se passent au nouveau dispensaire de Montrouge, et
non plus à Paris.
Le premier étage du nouveau dispensaire comprend une salle d'attente centrale,
autour de laquelle sont disposées les différentes salles d'examen. La salle
d'attente est vaste, claire, d'aspect accueillant. Avec ses tables multiples
autour desquelles sont disposés des sièges confortables, elle ne rappelle en
rien ces froides salles d'attente d'hôpitaux où les malades attendent, alignés
sur des bancs. De la salle d'attente, on pénètre, soit directement, soit par des
déshabilloirs individuels dans les différents services de consultation :
médecine, gynécologie, petite chirurgie,
pansements, ophtalmologie,
otorhino-laryngologie, radiologie, rayons ultra-violets,
dentisterie. Une
installation de stérilisation permet de stériliser les instruments et les
pansements et de distribuer de l'eau stérile chaude et froide dans les
différents services.
Nous avons signalé que la consultation de nourrissons et la goutte de lait,
assurées par l'Assistance Publique, étaient ouvertes aux enfants des communes
voisines, comme à ceux de Montrouge. Mais les consultations spécialisées du
dispensaire municipal devaient forcément attirer aussi les habitants des villes
avoisinantes qui n'en possèdent pas. La municipalité a pensé que si le
dispensaire de Montrouge ne pouvait pas être ouvert aux malades étrangers à
cette ville, il fallait pourtant faire une exception en faveur des enfants des
écoles. Un organisme spécial, le "Centre Régional de Préservation de l'Enfance
(Montrouge et environs)", a été créé en juin 1934, sous la présidence de M. E.
Cresp, et permettra d'admettre les enfants, adressés par les médecins
inspecteurs des écoles des villes voisines, à des consultations spécialisées de
dépistage, dont les frais, équitablement répartis, n'apporteront aucune charge
nouvelle au budget du dispensaire municipal proprement dit. L'Office de
Protection Maternelle et Infantile, d'autre part, a chargé cet organisme
d'assurer son travail d'enquêtes dans les communes de Montrouge, Bagneux et
Châtillon, travail qui n'est qu'une partie du service social de la consultation
de .nourrissons effectué par des monitrices et des anciennes élèves de l'Ecole
d'Infirmières de Montrouge (Association pour le développement de l'assistance
aux malades, dont le siège était auparavant à Paris, rue Amyot). Le "Centre
Régional de Préservation de l'Enfance" se propose donc de coordonner tous les
services de médecine sociale qui s'occupent de l'enfance dès avant la naissance
et jusqu'à la sortie de l'école. En obtenant ainsi le concours de l'Assistance
Publique et la collaboration des Assurances Sociales et de l'Office de
Protection Maternelle et Infantile, en travaillant d'accord avec l'Inspection
Médicale des Ecoles, en créant un dispensaire moderne, bien aménagé, la
municipalité a pu réaliser une oeuvre dont l'action s'étend de façon efficace au
delà des limites de Montrouge.